Par Carla-Marie
Depuis quelques mois, les menuisiers en herbe du Lycée Jean Monnet de Quintin s’affairent en coulisses. Intégrer des projets d’éducation artistique et culturelle dans notre démarche, c’est pour nous l’occasion de partager notre vision du faire ensemble et des transitions avec les plus jeunes.
Dans un coin au milieu de ce cocon végétal qu’est la vallée de Gouédic, entre les arbres verdoyants et ses planches qui embaument les mains encore neuves, le menuisier en chef prépare la scénographie événementielle du Mille. Le Mille, l’ensemble signalétique, les réalisations de Gweltas Henry marqueront, le temps de notre passage, l’identité culturelle et artistique du festival et seront la scène des nombreux spectacles et animations à venir.
Enseignant d’une formation de menuiserie-agencement et voisin de la Vallée de Gouédic, le projet du Mille l’a touché. La multiplicité des propositions artistiques et notre volonté de redonner un battement d’âme à cet écrin de verdure en le réinvestissant et le revalorisant, l’ont porté à devenir bénévole et faire bénéficier au festival de ses savoirs-faire. Au départ, il s’agissait d’une envie personnelle, puis à s’investir chaque été, il a décidé pour cette troisième édition de fédérer ses élèves autour de ce chantier à hauteur d’hommes.
Aujourd’hui, les élèves ont non seulement l’opportunité de réaliser des ouvrages qui vont réellement être employés et mis en valeur, mais également de découvrir le monde artistique et culturel. “J’essaye de leur montrer que le bois, ça peut amener à découvrir tout un tas d’autres choses”.
C’est à Quintin que l’école Jean Monnet propose cette formation de menuiserie de 3 ans aux jeunes de 16 ans à 19 ans, dès la classe de troisième. Pour éviter les erreurs d’aiguillage, une petite formation est proposée afin de rendre compte de la réalité du métier. D’une composition de 16 élèves, s’entend et résonne l’idée et les valeurs d’une famille. Des louanges plein la bouche pour ses élèves, il en a. Performants, à l’écoute, présents. C’est qu’il met du cœur et de ses mains afin que leur apprentissage soit le mieux ancré dans la réalité du monde du travail et dans le « apprendre à faire ensemble».
Répartis en 4 groupes, les élèves commencent à travailler à la main avant de travailler à l’aide des machines et de ses programmes, dans l’optique de rester au rythme de l’évolution du métier, sans en perdre de vue ses rudiments. Sans omettre non plus la prévention du danger : comment travailler intelligemment sans se mettre en danger et mettre en danger les autres ?
Si d’un côté, ils mènent des projets individuels comme la réalisation de bancs pour leur lycée, l’accent est mis sur le travail collectif à travers la mise en situation professionnelle. Chargé de trouver des prestataires, Gweltaz nourrit l’apprentissage de ses élèves par des projets concrets qui seront utilisés et mis en place au même niveau que d’autres ouvrages de menuiserie conventionnels. Ce n’est alors plus un fossé qui sépare la sortie de l’école du marché du travail mais une porte en bois revalorisé.
Planifier les phases de réalisation, estimer le temps, chiffrer, élaborer un devis, créer le programme informatique, conceptualiser, passer la commande. Autant de tâches pragmatiques favorisant la mise en exergue des compétences de chacun des élèves. Le travail commun révèle et embellit les singularités. “C’est en fonction des compétences de chacun qu’on adapte les projets”.
Grâce à la pluralité des projets, chaque élève trouve sa place au sein de la formation. C’est un des objectifs: que tout le monde soit en réussite, que personne ne soit laissé sur le côté. C’est également au travers d’une autre visée qu’il parvient à atteindre son objectif. J’essaye de les amener à découvrir autre chose. Travailler dans des festivals, ça va peut-être les amener à regarder des concerts et des spectacles. Le Ministère de la Culture décrit l’éducation artistique et culturelle comme le fait d’encourager la participation de tous les jeunes à la vie artistique et culturelle par l’acquisition de connaissances, un rapport direct aux œuvres, rencontres avec les artistes et professionnels.
Pour les apprentis, collaborer avec un festival tel que le Mille leur offre l’opportunité de jouir d’un terreau artistique et culturel dont ils ne peuvent tirer que des bénéfices. Au-delà de partager les valeurs communes de l’entraide et de la fédération, ce partenariat est un réel enrichissement mutuel avec un objectif commun de s’émanciper grâce à la culture.